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Doyenné de Plouay
Doyenné de Plouay
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Articles disponibles - Genèse 12 : ordination de Mgr Centène : Allégresse des hommes marchant au Souffle de l'Esprit (bulletin N° 7- nov 05) - Matthieu 10, Jésus et les enfants : Le petit : celui qui est appelé à entrer dans la proximité de Dieu… en premier ! (bulletin N° 6 sept 05) - Actes des apôtres 15 : la Pentecôte : Vivre selon la loi ou vivre selon l'Esprit ? (bulletin N° 5 juillet 05) - Actes 1, l'Ascension : Jésus n'est pas "dans les nuages" : Il établit sa demeure dans notre coeur. (bulletin N° 4- mai 05) - Jean 1, l'appel des premiers disciples, : Quel est ma soif ? Quel est mon désir ? (bulletin N° 3 - avril 05) - Jean 19, mort de Jésus en croix : SEISME EN ASIE : Souffrance de l'homme, Silence de Dieu ! (bulletin N° 2 - février 05) (bulletin N° 1 - décembre 04)
Jésus établit sa demeure dans notre cœur "…Vous recevrez une puissance, le Saint Esprit venant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. Après avoir dit cela, il fut élevé pendant qu'ils le regardaient, et une nuée le déroba à leurs yeux." Actes 1/6-11 Cet extrait nous raconte l'Ascension.
Le livre des Actes fait suite à l'évangile de Luc qui
se termine par le chapitre 24 dans lequel se trouvent rassemblées
quatre scènes importantes (l'annonce de la résurrection faite aux
femmes, les disciples d'Emmaüs, apparitions de Jésus aux Onze au
Cénacle, l'Ascension au mont des Oliviers). Luc laisse entendre que
ces 4 moments se vivent tous dans la même journée. On retrouve ce chiffre tout au long de la Bible, comme par exemple : 40 ans d'exode, 40 jours de Jésus au désert, et aussi 40 jours de carême dans l'Eglise… Ce chiffre de 40 doit compris comme un symbole : celui d'une préparation, d'une purification et qui marque le début d'un temps ou d'un renouveau : celui du peuple hébreu dans la traversée du désert qui regagne sa nouvelle terre, celui de la vie publique de Jésus, ou ici, celui du temps nouveau de l'Eglise qui nécessite une période d'enseignement de Jésus ressuscité et d'une initiation des apôtres par Lui. Dans quel "ciel" Jésus se retire-t-il ? Il y a bien sûr un "lieu" de transcendance (Jésus "remonte" vers le Père") où se vit l'intimité de Jésus, du Père et de l'Esprit dans laquelle nous sommes invité à nous plonger. Mais, comment et où ? Bien des mystiques donne comme réponse celle de St Augustin : "Tu étais au-dedans de moi et je te cherchais au-dehors. Jésus se "retire" dans notre cœur. Sa présence ne se découvre qu'au cœur de notre intériorité. On peut parler de "l'ascension de Jésus dans les cœurs". . Zundel, un théologien contemporain, écrit : "le royaume de Dieu n'est nulle part ailleurs que dans l'homme". Et ailleurs : "Quelque chose qui est capital pour notre vie, à savoir que Dieu ne peut être connu finalement et rencontré que si il est spirituellement réengendré au-dedans de nous." Jésus établit sa demeure dans notre cœur. Notre intériorité est le lieu de la présence de notre Dieu et de la rencontre avec Lui.
Jésus nous invite à sa présence et à son absence. Présence à découvrir dans des temps de prière et d'intimité avec Lui pour que la relation grandisse; Absence pour apprendre à vivre débout, par moi-même, vis-à-vis de Lui. Son départ est de l'ordre de la séparation, de celle qui structure une personne et son identité (comme l'enfant de la mère, le mari de la femme) et évite toute confusion, toute fusion ou, à l'inverse, toute forme d'hostilité ou de reproches. La séparation est aussi une manière pour Lui de se révéler et de grandir plus encore à travers l'absence. Car ce n’est pas en restant toujours sensiblement présent au milieu de ses disciples que Jésus leur montrera et leur donnera le meilleur de son amour. Mais en les quittant pour remonter vers le Père. Il en est de même pour nous. Comment découvrir Jésus en "Ascension au cœur de notre intériorité", dans le "dedans de nous" ? - il est présent au cœur de nos difficultés et de nos nuits : Nous avons vécu des moments (nos 40 jours !) et des heures de détresse, de souffrance de difficultés, de non sens ou d'à quoi bon. Dans un sursaut de vie, de foi en quelque chose ou en quelqu'un, d'espoir aussi nous avons découvert que le Seigneur était au fond de nous, qu'il était au creux de notre détresse. Pour entrer dans la joie profonde promise par Jésus et croire à la lumière de la Résurrection, il faut d'abord découvrir la présence du Seigneur au fond de soi : à ces moments obscurs de la détresse, il est notre paix. - Il est aussi présent cœur de nos vies dans ses attentes comme dans ses moments de joies. En regardant ce texte du début des actes des apôtres, Il nous invite à changer notre regard sur nos espoirs souvent irréels, voire irréalistes (" est-ce maintenant que tu vas rétablir ton royaume en Israël ?") mais aussi à "écouter" l'invitation qui nous est faite que notre "bonheur" et la "réussite" de notre vie passent par le chemin qu'a fait Jésus - enfin, en lien avec ce texte, il nous invite à être ses témoins. A chacun de voir comment vivre ce témoignage. En résumé, cet extrait nous invite à découvrir que le Christ n'est pas dans un ailleurs et "dans les nuages". C'est au cœur de notre intimité qu'il demande à "monter", à grandir toujours plus et c'est dans le quotidien de nos vies avec ses joies et ses peines qu'il nous appelle à être ses témoins.
Pour poursuivre la réflexion, seul(e) ou avec d'autres * En quoi cette page questionne ma façon habituelle de penser au "ciel" ? * Quelles sont les expériences que j'ai pu faire de la présence de Dieu à l'intime de moi ? * Ai-je déjà vécu une séparation douloureuse ? En quoi m'a-t-elle fait grandir dans ma foi ? Sept.oct.2005
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Souffrance de l'homme… Silence de Dieu…!
"Après cela, Jésus dit, afin que l'Écriture fût accomplie : J'ai soif. Il y avait là un vase plein de vinaigre. Les soldats en remplirent une éponge, et, l'ayant fixée à une branche d'hysope, ils l'approchèrent de sa bouche. Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l'Esprit. "
Les événements catastrophiques du séisme en Orient sont dans toutes les mémoires… Que dire ? A vue humaine c'est intolérable. C'est un véritable non-sens et inacceptable …. Et pourtant, insidieusement, un chrétien inévitable- ment se pose la question : Mais Dieu, dans tout cela, où est-il ? Que fait-il ? Pourquoi n'empêche t-il pas de telles horreurs ? Nous aimerions que Dieu puisse intervenir et changer le cours des évènements et de l'histoire… (Surtout les nôtres !) Souvent, dans nos propres vies nous prions pour une guérison, une réussite aux examens, un permis, etc.… Nous aimerions Le voir intervenir sur les évènements ou le cours des choses et des relations, intervenir auprès de chacun selon ses mérites, afin qu'il soit à notre service quand nous le prions … Mais à quel dieu faisons nous appel quand nous prions ainsi ? Le monde désire un Dieu qui aurait pouvoir sur tout, mais ce n'est pas le visage de Dieu révélé par Jésus Christ. A travers son incarnation, en prenant la condition humaine, Dieu révèle aux hommes ce qu'est sa "puissance" : celle de la paternité, de l'Amour, celle du Don, du pardon et du service. Il "bouscule" les idées des hommes, car cette toute Puissance est déroutante. St Paul nous rappelle, que Dieu "n'a pas épargné à son Fils le supplice de la Croix". Il n'est pas "intervenu" pour lui éviter cette mort atroce. Pourquoi ? Lorsque Jésus criait à son Père sa détresse au jardin des oliviers en disant : "Mon Père, que cette coupe d'amertume s'éloigne de moi…" puisque Dieu est unique, qu'est-ce que Dieu peut répondre si ce n'est : "oh mon Fils, si seulement cette coupe pouvait s'éloigner de toi…" Ces cris rejoignent nos propres expériences, celles vécues dans nos relations familiales, conjugales, amicales quand plus rien ne va et que nous ne pouvons apporter comme réponse que celle, intense, de l'amour impuissant et démuni. Dans cet extrait, St Jean nous éclaire… Dieu en Jésus Christ est tout entier livré et apparemment abandonné sur la croix… Dieu est désarmé comme l'enfant de la crèche; Il se révèle pauvre, fragile et silencieux. Le jusqu'au bout de l'amour le mène à la Croix. Dieu n'a pas d'autre moyen que l'amour jusqu'au bout pour dire qu'Il est l'Amour… Tout le reste n'a rien à voir avec Dieu. Ce n'est que caricature. Il n'y a pas, pour un chrétien, d'autre Dieu que celui-là.
Le "j'ai soif" de Jésus sur la croix est le cri de sa soif de voir advenir la solidarité, la bonté, la justice, la miséricorde entre tous les hommes, en particulier pour tous ceux qui souffrent. Alors que Jésus est abandonné de tous pour dire que Dieu est Père et n'est que Père, un homme de guerre se lève, un païen, et par simple humanité apaise la soif physique de Jésus avec un vin aigre qui anesthésie ses douleurs. Ce geste répond à la soif intérieure de Jésus qui désire plus d'amour entre tous les hommes. Voyant ce geste fait par un homme d'armes, le nouveau cri de Jésus peut éclater : "Tout est accompli…" Ca y est, Père ! Un homme a été capable de répondre à la soif de Dieu… !" "Et Jésus remit l'Esprit". Accueillons l'Esprit de Jésus. Il nous le remet pour qu'à notre tour nous vivions et portions, suivant nos possibilités, cet élan de fraternité et de générosité, d'argent partagé, de dons offerts, de prières balbutiées…
Car c'est Dieu qui pleure, qui souffre, qui meurt dans toutes les victimes de par le monde. Où voulons nous qu'Il soit si ce n'est en chaque homme ? Là est sa demeure. "Pratiquer la miséricorde envers Dieu, car Il en a besoin dans un monde qui lui fait mille misères et souffrances, par ses errances, ses arrêts de croissance, ses blessures, en l'aidant en chacune de ses créatures comme en soi-même, c'est certainement là le rôle le plus royal de la liberté humaine "disait un prédicateur, le père Callerand du Foyer de la Roche d'or. Aujourd'hui, Dieu n'a pas d'autres mains, d'autres cœurs que les nôtres pour "intervenir" au cœur des détresses et des histoires des hommes. Il n'a que nous pour apaiser, calmer, panser, accueillir, écouter. Si nous le faisons "en son nom", heureux sommes nous : c'est à ce seul signe que nous pouvons être fiers d'être ses disciples en tentant de montrer son vrai visage : Amour. Vivre cet amour avec la même intensité que Lui l'a fait durant sa vie, nous fera traverser toutes les morts pour vivre, dès aujourd'hui, la vraie vie de Ressuscité en Lui.
Pour poursuivre la réflexion, seul(e) ou avec d'autres * Avec quel Dieu suis-je en relation ? - un dieu interventionniste qui agit sur le cours des évènements ? - un Dieu engagé avec l'homme et respectueux de sa liberté ? * En quoi cette page questionne ma façon habituelle de penser à Dieu ? février 05 ----------------------------------------------------------------------------------------------------
Vivre selon la Loi et/ou vivre selon l'Esprit ?
"Quelques hommes enseignaient les frères, en disant : "Si vous n'êtes circoncis selon le rite de Moïse, vous ne pouvez être sauvés". Alors quelques-uns du parti des pharisiens, qui avaient cru, se levèrent, en disant qu'il fallait circoncire les païens et exiger l'observation de la loi de Moïse. Les apôtres et les anciens se réunirent pour examiner cette affaire. Une grande discussion s'étant engagée, Pierre leur dit : Hommes frères, vous savez que dès longtemps Dieu a fait un choix parmi vous, afin que, par ma bouche, les païens entendent la parole de l'Évangile et qu'ils croient. Et Dieu, qui connaît les coeurs, leur a rendu témoignage, en leur donnant le Saint Esprit comme à nous; il n'a fait aucune différence entre nous et eux, ayant purifié leurs coeurs par la foi". Poursuivez la lecture de ce premier désaccord entre les premiers chrétiens au chapitre 15 des Actes des apôtres. La lecture est passionnante ainsi que toutes la "saga" des apôtres. Cette rencontre des apôtres a été appelée le "premier concile" … Que se passe-t-il ? Deux groupes s'opposent : - Les chrétiens convertis, d'origine juive, en particulier issus du milieu pharisien, se regroupent à Jérusalem autour de Jacques. Ce sont "les judaïsants". Ces juifs devenus chrétiens n'avaient pas abandonné la pratique du judaïsme (synagogue, loi, rites) et restaient fidèles. Ils voulaient imposer aux fidèles d'origine païenne la pratique de la loi de Moïse. - Les chrétiens convertis, d'origine étrangère. Saint Luc rapporte comment des hommes "passent derrière" Paul qui vient de fonder des communautés chrétiennes chez les païens pour inviter ces nouveaux convertis à se faire circoncire comme les juifs. Paul devant ce procédé décide de monter à Jérusalem voir les responsables pour "traiter cette question". Cette rencontre entre les parties va permettre de clarifier bien des choses de l'ordre de la foi, du salut, de la liberté.
Quels sont les enjeux ? Le Salut apporté par Jésus Christ se limite-t-il à la seule nation d'Israël ou a-t-il une portée universelle ? Faut-il exiger de tous, et donc des païens, le rite d'appartenance à la postérité d'Abraham en leur imposant la circoncision ? (Incision du prépuce en signe d'appartenance au Dieu d'Israël). La non application de cette mesure qui serait d'opportunité (faciliter l'accès des païens qui auraient répugné à un acte vécu comme une mutilation) a en fait une portée doctrinale. Si le nouveau converti se fait circoncire, il doit supporter le poids de toutes les pratiques légales du judaïsme : Pierre dit (verset 10) que "nous-mêmes nous n'arrivons pas à
porter ce joug". Mais surtout, lier le salut à la circoncision c'est tenir pour rien la mort de Jésus Christ qui sauve les hommes. Il s'agit de passer du salut par la loi (rites, pratiques) au salut par la foi et par la grâce. Je ne suis pas sauvé par mes mérites mais gratuitement par amour. L'Evangile est perverti dès que l'universalité et la gratuité du salut que Paul annonce sont compromises, dès que l'homme prétend se sauver par ses œuvres, au lieu d'accueillir par la foi le salut que Dieu accorde gratuitement.
Que dit ce texte pour nous aujourd'hui ? Peu après notre texte, au verset 28, Luc fait dire à Jacques à propos de sa décision "l'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé…" Il semble important de souligner comment les premiers chrétiens et les premières communautés chrétiennes ont "appris" à se recevoir de l'Esprit, tant pour prendre des décisions personnelles que pour discerner la "marche à suivre" des communautés. Il s'agit de montrer l'action de l'Esprit Saint dans le développement de l'Eglise. Ceci nous intéresse : l'Esprit Saint est toujours à l'œuvre aujourd'hui : Nous sommes dans le temps de la Pentecôte et, au moment où ces lignes sont écrites, le Conclave pour élire le nouveau Pape sera d'actualité. L'Esprit est toujours à l'œuvre, dans l'Eglise comme dans le monde, en chacun de nous et ce, depuis le début où il "planait sur les eaux" pour organiser le chaos. Pour nous aujourd'hui, la source de la vie est-elle de prétendre être nous-même cette source et pouvoir accomplir les œuvres de la loi ou bien cette source est l'Esprit ? Pour notre communauté de chrétiens, l'enjeu est-il d'entretenir des fonctionnements, des rites, des pratiques ou d'inventer notre "vivre et croire et célébrer ensemble " en étant à l'écoute des motions de l'Esprit ? Dans notre monde et notre vie, en quête de sécurité, comment apprendre à se laisser embarquer par la nouveauté de l'Esprit ? Comment marcher à son Souffle ? Vivre selon la loi, cela sécurise : On sait ce qu'on a à faire… mais que devient l'aventure de participer à l'accomplissement de la création avec le Feu de l'Esprit ? Quand on fait ce qu'on a à faire selon la loi, on est en règle, on est quitte ! Mais peut-on être quitte quand il s'agit de livrer au monde la Bonne Nouvelle de l'Amour ?
Pour poursuivre la réflexion... Je regarde ma vie : - Où est-ce que je repère que je demeure "sous l'emprise de la loi" ? - Que me dit l'Esprit de l'Amour et de la Confiance de Dieu vis-à-vis de moi ? (Est-ce qu'Il attend que je sois en règle pour m'aimer ?) - Que me dit-il de l'Amour et de l'Espérance de Dieu envers les personnes qu'Il me confie ? (Est ce que je ne mets rien sur leur dos, je ne les "charge pas" ?) avril 2005 ----------------------------------------------------------------------------------------------------
Le petit : celui qui est appelé à entrer dans la proximité de Dieu… en premier !On lui amena des petits enfants, afin qu'il les touche. Mais les disciples les écartaient vivement. Jésus, voyant cela, fut indigné, et leur dit : Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas, car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent. Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n'y entrera point. Puis il les prit dans ses bras, et les bénit, en leur imposant les mains. (Marc 10/13-16)
Image touchante s'il en est mais il ne faut pas se méprendre. En effet, nous aurions peut-être tendance à transposer notre perception d'aujourd'hui que nous avons des enfants sur ceux du temps de Jésus. Le mot grec employé dans ce texte dit que ce sont des garçons de 7 à 14 ans. Ce ne sont donc pas des "tout petits enfants" pleins de candeur, de pureté et d'innocence. Jésus nous invite à ne pas tomber dans un infantilisme naïf. On est loin d'une image idéalisée de l'enfant-roi de nos jours ! A l'époque de Jésus, l'enfant est souvent objet de mépris de la part des adultes : socialement ils sont sans importance; on ne fait guère attention à eux; ce ne sont que des bouches à nourrir dans un monde où règne la pauvreté. Ils sont dépendants des adultes. Religieusement, ils n'ont pas beaucoup plus de considération : ils sont ignorants de la loi de Moïse; On les traite comme des exclus. Ils n'ont aucune prétention à faire valoir. Ne nous offusquons pas de cette description… N'est-elle pas celle il n'y a pas si longtemps, de nos grands parents ? Quand ils racontent leur enfance nous retrouvons en partie ce regard de dévalorisation qu'ils pouvaient vivre…. Et la situation, bien actuelle malheureusement, de beaucoup d'enfants dans le tiers monde…jeunes qui sont objets des adultes et non sujets de leur vie. C'est à ce titre que les apôtres les repoussent violemment : des "moins que rien" ne dérange pas le Maître ! Quelle est la réponse de Jésus ? Je retiens deux aspects : - Au contraire des apôtres, c'est au nom même de ce vécu de rejet, de mépris, de petitesse, que Jésus les accueille. Accueillir l'enfant c'est accueillir "le pauvre" par excellence, celui qui ne peut que recevoir sans rien donner en échange. - Le regard positif que porte Jésus sur les enfants : quand il dit "accueillir le royaume comme un enfant…", que met-il sous ce "comme" ? Que voit-il de la beauté de cet être au delà de sa pauvreté ? Comment ne pas penser à Marie, mère de Jésus, et à sa relation avec son fils, enfant ? Qu'est ce que Jésus-enfant a appris de sa mère pour se situer avec tant de fermeté et d'autorité face aux adultes et tant de tendresse et de douceur face aux enfants ? C'est avec elle qu'il a appris ce qu'est être pleinement fils : fils de ses parents et Fils du Père. C'est avec elle qu'il a appris qu'il existe comme une personne; qu'il est aimé de ses parents et de Dieu, qu'il est un être précieux à leurs yeux.. Avec elle, il a appris à avoir une disponibilité et un abandon, à entretenir une capacité d'écoute et de confiance telle que savent la vivre les enfants…
Jésus "rectifie" le point de vue de ses apôtres en les invitant à abandonner leurs prétentions de grandeur pour se faire petits, humbles et accueillants. Il s'agit "d'imiter" les enfants pour entrer dans le Royaume, c'est-à-dire dans la proximité de Dieu. Il s'agit de laisser tomber tout orgueil et toute prétention pour vivre le service et l'attention au plus petits.
Nous avons dans ce texte une image de ce qui se passait dans les premières communautés chrétiennes de Marc : "les tenants du "pouvoir" étaient sans doute tentés d'empêcher les petits, les pauvres et les exclus d'accéder à la vie de la communauté. Marc leur remet sous les yeux le geste prophétique de Jésus : Serviteur de tous, il veut qu'on laisse venir à lui ceux que le monde méprise…" (Hervieux)
Pour poursuivre la réflexion, seul(e) ou avec d'autres - à un niveau sociétaire : quel est mon regard sur les exclus de la société ? A quelle conversion de cœur et de gestes suis-je appelé ? - au sein de notre paroisse : comment être présent, attentif à " ceux qui ne font pas de bruit " ? Qu'ont-ils à m'enseigner ? - à titre personnel : "Ressembler à un petit" veut dire quoi pour moi ? À quoi suis-je invité pour avancer sur le chemin du royaume ? juillet 2005 ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Quelle est ma soif ? Quel est mon désir ?
"Le lendemain, Jean était encore là, avec deux de ses disciples; et, ayant regardé Jésus qui passait, il dit : Voilà l'Agneau de Dieu. Les deux disciples l'entendirent prononcer ces paroles, et ils suivirent Jésus. Jésus se retourna, et voyant qu'ils le suivaient, il leur dit : Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent : Rabbi (ce qui signifie Maître), où demeures-tu ? Venez, leur dit-il, et voyez. Ils allèrent, et ils virent où il demeurait; et ils restèrent auprès de lui ce jour-là." (Evangile de saint Jean 1, 35 et suivants) Que nous apprend ce passage d'Evangile ? Que Jésus est toujours respectueux des libertés de chacun : Les premières paroles de Jésus dans l'évangile de Jean ("Que cherchez vous ? Que voulez vous ? Venez et voyez") sont posées comme des invitations et des propositions. - Elles nous montrent combien Dieu est attentionné et respectueux de chacun : Il ne force personne. Regardons aussi l'importance et la fréquence des mots dans tout le passage de l'appel des disciples : Nous avons là le vocabulaire typique de l'attachement à Jésus, la démarche constitutive de toute foi : suivre Jésus (4 fois), voir où Il demeure (11 fois) non d'un regard matériel mais avec un regard plus intérieur, avec les yeux du cœur, et demeurer en Lui (3 fois) qui dit la relation permanente entre le Fils et les croyants. - le premier geste de Jésus sera d'emmener ensuite ses disciples à la noce, d'entrer dans la joie dès maintenant, de quitter la tristesse et de célébrer sa venue. - Dieu se sert des médiations humaines pour appeler : Jean Baptiste est celui qui fait le lien et "montre" symboliquement l'Agneau de Dieu. Ensuite les invitations à suivre Jésus se font par ceux qui ont déjà été appelés. C'est dans la mesure où l'on se vit disciple que l'on peut se prétendre missionnaire…et la mission pour un disciple n'est pas forcément ou seulement de proclamer une Parole mais bien plutôt de témoigner d'uneexpérience de vie intérieure où nous demeurons en relation avec Dieu présent à l'intime de nous-mêmes. Comme dit Zundel : " C'est à nous de devenir un Evangile vivant. Non pas bien sûr en faisant du prosélytisme, et en nous mettant à prêcher, mais en ayant le souci –ce souci puisque c'est vrai ! Puisque Dieu est dedans ! Puisque nous le portons en nous !- en ayant ce souci de communiquer, sans rien dire, le sourire de sa tendresse. Témoigner en laissant transparaître la vie divine en nous pour que les autres puissent la respirer". - Enfin, retenons deux images celle de l'agneau et, un peu plus haut, celle de la colombe qui nous disent que c'est avec les termes de la Paix, de la non violence et de la douceur que Jésus vient dire le nouveau monde de Dieu A partir de ces réflexions que pouvons nous retirer comme enseignement sur ce qu'est "être disciple" ? 1) C’est le Christ qui a l’initiative : c’est lui qui se tourne et qui adresse la parole aux disciples. 2) Cet appel ("Que voulez-vous ? "), suppose une réponse qui est un choix et une décision libre. Chaque être qui veut suivre le Christ doit d’abord se placer face au Seigneur et discerner le sens de son cheminement. 3) Il est important de savoir où est Jésus pour demeurer avec lui (" Où demeures-tu ? "). Il ne suffit pas de poser la question ; mais il faut la poser avec le désir de se soumettre à la réponse. Les disciples ne demandent pas quelque chose, mais Quelqu’un. Il s'agit de faire grandir en nous le désir de rencontrer le Seigneur et d'apprendre à découvrir sa présence en nous à l'intime de nous. Demeurer c'est faire l'expérience qu'au cœur de notre vie, de nos rencontres, de nos engagements, dans nos manières de regarder, de voir le monde qui nous entoure, dans tout ce qui fait l'attention et l'ouverture à notre vie intérieure, dans tout ce qui est à l'intime de chacun, de ses relations et de toutes choses, Dieu est présent au cœur de son cœur et l'appelle à l'accueillir comme Sauveur et Libérateur. 4) Nous sommes invités à faire l’expérience d’une personne, à entrer dans son intimité (" Venez et voyez "). Ce n'est pas tellement une adresse que Jésus donne mais bien plutôt une manière d'être et de vivre ensemble avec Lui, en étant "branché" sur la relation au Père. Entrer dans l'intelligence de cette relation avec Jésus c'est entrer dans une relation d'amour. Se situer en disciple c'est se situer dans une relation d'amour avec Dieu et avec nos proches. C'est tout un.
Pour poursuivre la réflexion, seul ou avec d'autres : Même si je suis né dans un milieu très chrétien, un jour, j'ai dû choisir, personnellement, de faire route avec le Christ. - pour moi, quel est le moment ou la période de ma vie, où j'ai choisi Jésus Christ ? (Ce peut être un évènement spirituel : première communion, rencontre avec un passage d'évangile qui a éclairé ma route…ou une rencontre… évènement de la vie ordinaire : succès, échec, maladie, naissance …). - Quel visage de Jésus m'a alors touché (e) ? - Que s'est-il passé dans ma vie ? - Depuis, quels sont les aspects de Jésus, de sa Parole, qui sont particulièrement importants pour moi ? - Aujourd'hui, qu'est ce que j'aimerais accueillir de Jésus plus profondément en moi ou dans ma vie ?
Généalogie de Jésus Christ, fils de David, fils d'Abraham. Abraham engendra Isaac; Isaac engendra Jacob; Jacob engendra Juda et ses frères; Juda engendra de Thamar Pharès et Zara; Pharès engendra Esrom; Esrom engendra Aram; Aram engendra Aminadab; Aminadab engendra Naasson; Naasson engendra Salmon; Salmon engendra Boaz de Rahab; Boaz engendra Obed de Ruth…"
C'est un extrait de la généalogie de Jésus que rapporte Matthieu au chapitre 1 de son évangile. Nous connaissons ce texte, surtout à cause de son caractère répétitif, parfois rébarbatif. (il fait penser aux tables de multiplication !). Et si nous essayions de regarder ce passage de Matthieu de plus près ? 1) – Relisez-le ! Vous y verrez 3 séries de 14 générations. Ces périodes de 1000 ans disent la patience de Dieu. Elles disent aussi que Jésus, Fils de Dieu, naît dans une histoire, dans un peuple et dans un pays. Il est l'héritier de tout un poids d'histoire, patriotique, religieuse et familiale. Il ne "tombe pas des nues" comme ça : Son humanité est façonnée par des générations, elles mêmes pétries d'histoires personnelles et collectives. Noël dit l'incarnation de Dieu une histoire d'homme, lourde de tout un patrimoine… 2) - Un lecture attentive montre que ces litanies sont coupées, cassées, dans leur rythme par un ajout :…de Thamar, … de Rahab,…de Ruth, …de la femme d'Urie. (Versets 3, 5, 6) Tout d'un coup, dans ces généalogies masculines, Matthieu nomme 4 femmes. Pourquoi les nommer ? … alors qu'elles ont une histoire ou sont en lien avec un fait peu glorieux…Et souvent d'ordre sexuel ! Nous savons que David a tué le mari de Bethsabée pour la posséder (II Samuel 11 et 12), … Rahab était une prostituée païenne (Josué 2 et 6), …Thamar, une incestueuse (Gen.38), … Ruth, une étrangère qui a usé de ses charmes pour arriver à ses fins (Ruth 4/12) … Si Jésus est descendant d'une lignée prestigieuse par Abraham et les rois, il a aussi des ancêtres peu recommandables. Pour s'incarner, Dieu se fraie un chemin à travers tous les aléas de son lignage. L'incarnation de Jésus fêtée à Noël englobe tout son passé avec ses belles comme ses tristes histoires. Dieu n'a pas fait semblant : c'est dans le jusqu'au bout de l'humanité qu'il vient nous visiter et nous sauver.
3) – Regardez bien la troisième série : Peu après, Matthieu dit qu'elle comporte 14 générations. Or, si on les compte, il n'y a que 13 ! Si elle reste une interrogation pour les savants, elle veut peut-être dire quelque chose…
Que peut nous dire ce texte aujourd'hui ? Nous aussi, nous sommes aussi héritiers de toute une tradition et de tout un héritage humain, voire d'un contentieux familial ou relationnel … Comme le Christ, nous sommes invités à "assumer" l'héritage qui est le nôtre : Même si certaines histoires personnelles peuvent être lourdes de souffrances, de tristesse, d'amertume, de noirceurs, notre vie d'aujourd'hui, notre avenir se bâtit en acceptant ces réalités qui nous ont forgés, sans les renier, mais en même temps, sans nous laisser enfermer par elles. Les accepter, pour pouvoir nous ouvrir à l'inconnu créateur de Dieu : dans cette 3éme série, où la 14 éme génération manque, ne pourrait-on pas voir comme une porte ouverte sur l'avenir ? Cette histoire familiale, non encore écrite, ne serait-elle pas celle de chacun ? Cette série non close, c'est comme une invitation de Jésus qui vient à Noël visiter nos humanités, pour que nous écrivions, avec lui, la page de nos vies, de nos généalogies, pour le temps qui est le nôtre … Nous sommes invités, à faire de notre vie une vie bonne et lumineuse, qui participe à la 14 éme génération manquante. Il s'agit de laisser Jésus naître en nous, qu'il se fasse chair en nos chairs, qu'il s'y incarne… C'est cela, Noël aujourd'hui : Jésus vient libérer, sauver, illuminer nos histoires, avec notre participation. Jésus ouvre à l'Espérance que tout est possible ! Il dit que rien n'est inéluctable ! Rien n'est écrit d'avance ! L'avenir est ouvert ! Il sera ce que nous en ferons avec Lui !
Pour poursuivre la réflexion, seul(e) ou avec d'autres : Quelle histoire heureuse ai-je à célébrer auprès de l'Enfant Dieu dans la crèche ? Quel contentieux, quel pardon, quel geste de réconciliation ai-je à déposer auprès de Lui ? Peut-être ai-je une démarche à faire auprès d'un proche de ma famille ou d'un voisin ? Qui ?...
décembre 2004
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